L’anéantissement total du village et de sa population, la détermination impitoyable des bourreaux, font d’Oradour-sur-Glane, dès 1944, un archétype des massacres des populations civiles. Le 28 novembre 1944, le Gouvernement provisoire prend la décision de classer et de conserver les ruines, attirant ainsi la reconnaissance nationale sur Oradour. Ces mesures érigent le village martyr en symbole d’une France blessée par l’occupation allemande. Lors de sa visite en mars 1945, le général de Gaulle rappelle « qu’un lieu comme celui-là reste une chose commune à tous, une chose où tout le monde reconnaît le malheur commun, la volonté commune et l’espérance commune ».
Parallèlement, la production abondante d’images des ruines et du deuil participe à la volonté de témoigner et d’ancrer Oradour dans la conscience nationale.
On assiste alors à une sanctuarisation des ruines où les pancartes invitent le visiteur, devenu pèlerin, à se recueillir en pénétrant dans ce qui fut un lieu de souffrance et de martyr.
Consensuelles jusqu’en 1947, les cérémonies officielles rappellent l’unité de la France dans le malheur comme dans la victoire. Passée cette date, les aléas du contexte international et national troublent une unité jusque là préservée. En 1949, en pleine guerre froide, le parti communiste, par l’intermédiaire du Mouvement de la paix, organise un « pèlerinage à Oradour ».
De 1953 à 1974, en réaction à l’amnistie des condamnés du procès de Bordeaux, l’Association nationale des familles des martyrs décide de commémorer seule le 10 juin, refusant ainsi d’y convier les autorités. Les restes des victimes sont regroupés, non dans le monument offert par l’État, mais dans un ossuaire édifié à l’initiative de l’Association nationale des familles des martyrs.
Au fil du temps, le message délivré par les ruines et par les cérémonies commémoratives devient de moins en moins lisible ; le village martyr perd de sa puissance évocatrice du drame par un inexorable “polissage” des ruines et les témoins disparaissent peu à peu.
Aussi, un demi-siècle après le drame, le conseil général de la Haute-Vienne en accord avec l’ANFMOG et la municipalité d’Oradour mettent en place un équipement d’interprétation à vocation pédagogique et militante invitant à une réflexion universelle sur la paix.